mardi 18 février 2014

Hisse et Hô!

Le Lundi 3 février, 10h, après un plein de gazole, nous larguons les amarres et les rangeons. Elles nous resserviront de l'autre côté de cette immense étendue d'eau appelée Océan Atlantique.



C'est avec un temps clément et une mer, en théorie, calme que nous quittons l'ile de Sal pour aller en Guyane, 1784 miles nautiques plus loin.
Les 36 premières heures furent pour moi un calvaire. La mer était très formée et avec un vent bien soutenu. J'ai donc pu pour la première fois goûter aux joies du mal de mer.

Une fois ce passage difficile passé et au large, nous réglons nos voiles comme il faut et après une belle manœuvre de tangonnage sur le pont nous admirons notre travail en espérant ne plus avoir à y retoucher de la traversée.

Bien qu'elle n'ai rien rapportée pour l'instant, la ligne de pêche est mise à l'eau et deux fois par jours, les leurres sont changés pour espérer attraper du poisson frais et nous changer du thon en boîte où de la charcuterie sous plastique. Il nous aura fallu 4 jours pour attraper une belle daurade (la seule de la traversée!) qui nous donnera à manger pour 3 repas !



Les occupations ne sont pas très variées, on tente encore de pécher (sans succès cette fois!), on tiens notre quart pour s'assurer que la voie est libre (nous ne croiserons de loin que 2 navires marchands et un autre de bien plus près sur la fin !), on mange, on ramasse les poissons volants sur le pont le matin, on admire les fous de bassant jouant à nous tourner autours, on cherche le rayon  vert lors des couchers de soleil (sans succès) on dort et on lit. On fini par se rendre compte que la mer est relativement monotone au milieu de l'Atlantique. Le vent souffle constamment et les voiles n'ont pas besoin d'être réglées.


Mais heureusement pour ne pas trop « s'ennuyer », après 7 jours de mer avec des bonnes moyennes de progression (151 Nm en 24h est notre record) nous aurons la chance de nous réveiller et de découvrir au petit matin que le pilote automatique est cassé. C'est bête car la veille, la barre à roue (notre moyen de manœuvre  « à main ») a été démontée pour être réparée et bien sûr pas remontée entièrement. La barre franche de secours est donc tout de suite sortie et après 1h d'utilisation elle casse (bas oui sinon ça serait moins drôle!). Branle bas de combat pour réparer la barre à roue, ouff c'est fait mais pas hyper solide, Il va falloir faire attention.  En attendant nous n'avons plus de moyen de manœuvre de secours et une barre fragile. Tour y passe du coup dans le bateau pour essayer de faire office de barre franche. C'est finalement au bout de 2 jours que l'axe de portage de l'annexe est retenu et combiné avec un morceau de portique pour nous assurer un  minimum en cas de pépin (Mc Gyver sort de ce corps !)

Du coup nous nous retrouvons à finir ces 8 jours de mer en barrant à la main H24.  Ce n'est pas très enchantant au départ de ce dire que 8h par jour (4h la nuit et 2 x 2h le jour) il va falloir rester la main à la barre et l’œil fixé sur notre cap à tenir.

Finalement la surprise est plutôt bonne. Bien que les 2h peuvent paraître longues la journée (alors que la nuit les 4h passent relativement vite), barrer permet de « sentir » le voilier et jouer avec les vagues pour essayer de les surfer et faire des pointes de vitesse.  Cela permet aussi de méditer car à par penser, on ne peut pas faire grand-chose d’autre en barrant (un ping-pong c’est difficile par exemple…).

Le samedi on attrape un courant de 3 nœuds qui nous fait avancer à 7 nœuds de moyenne. On calcule donc notre arrivée à Cayenne avec la marrée montante vers 2h du matin (heure locale) lundi.
A partir de là les bouchées doubles sont mises et chaque seconde nous rapproche plus vite de la fin.
Le dimanche nous auront droit à un navire panaméen qui nous fonce dessus avant de nous barrer la route et nous demander de dévier notre cap. Derrière lui, un énorme navire est en train de poser des câbles sous-marins. Après 7 miles de déviation, le navire repart en nous souhaitant un « bon voyage » dans un français à l’accent chantant.
Juste avant la prise de quart de la soirée, notre leurre est ferré, nous remontons donc notre 2eme et dernier poisson de la transat. On hésite toujours sur le type de poisson, une sorte de croisement entre un barracuda et un gros maquereau de plus de 10kg.


Après 2h de moteur dans le chenal d’arrivé nous accostons à couple d’un navire avant de rebouger 5h plus tard (courte nuit) pour un corps mort dans la rivière.
Après l’inversion des marées nous rentrons dans la « marina » et après 2 heures de manœuvre avec du décrochage d’ossière, plongeon dans une eau dégueu pour passer des cordages nous voilà installés.
Pour l’instant le seul truc que l’on voit c’est des bateaux en fin de vie et la jungle tout autours…


Nous voilà en Amérique du Sud !!



Cette transat ça aura été :
-          15 jours
-          1784 miles nautiques environs
-          64 heures de barre par personne
-          36 heures de mal de mer pour ma part
-          Une cinquantaine de poissons volants récupérés les matins sur le pont
-          2 poissons péchés
-          4 douches (eh oui, navire de mecs) avec 5000m de fond dessous, ça fait une grande baignoire !







2 commentaires:

  1. Mon cher Baptiste,

    On voit que tes heures passées en mer t'auront appris au moins un truc : le langage marin !!! Je comprends pas franchement tout ce que tu dis ^^ Bien le bonjour à l’Amérique du sud !! Et bienfait pour ton mal de mer. gniark gniark !

    Valou, qui s'emmerde un peu ici, sans soleil ni neige !

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  2. bravo fiston continue bien ta route
    bises papa

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