Le Lundi 3 février, 10h, après un plein de gazole, nous
larguons les amarres et les rangeons. Elles nous resserviront de l'autre côté
de cette immense étendue d'eau appelée Océan Atlantique.
C'est avec un temps clément et une mer, en théorie, calme que
nous quittons l'ile de Sal pour aller en Guyane, 1784 miles nautiques plus
loin.
Les 36 premières heures furent pour moi un calvaire. La mer
était très formée et avec un vent bien soutenu. J'ai donc pu pour la première
fois goûter aux joies du mal de mer.
Une fois ce passage difficile passé et au large, nous réglons
nos voiles comme il faut et après une belle manœuvre de tangonnage sur le pont
nous admirons notre travail en espérant ne plus avoir à y retoucher de la
traversée.
Bien qu'elle n'ai rien rapportée pour l'instant, la ligne de
pêche est mise à l'eau et deux fois par jours, les leurres sont changés pour
espérer attraper du poisson frais et nous changer du thon en boîte où de la
charcuterie sous plastique. Il nous aura fallu 4 jours pour attraper une belle
daurade (la seule de la traversée!) qui nous donnera à manger pour 3
repas !
Les occupations ne sont pas très variées, on tente encore de
pécher (sans succès cette fois!), on tiens notre quart pour s'assurer que la
voie est libre (nous ne croiserons de loin que 2 navires marchands et un autre
de bien plus près sur la fin !), on mange, on ramasse les poissons volants
sur le pont le matin, on admire les fous de bassant jouant à nous tourner
autours, on cherche le rayon vert lors
des couchers de soleil (sans succès) on dort et on lit. On fini par se rendre
compte que la mer est relativement monotone au milieu de l'Atlantique. Le vent
souffle constamment et les voiles n'ont pas besoin d'être réglées.
Mais heureusement pour ne pas trop « s'ennuyer »,
après 7 jours de mer avec des bonnes moyennes de progression (151 Nm en 24h est
notre record) nous aurons la chance de nous réveiller et de découvrir au petit
matin que le pilote automatique est cassé. C'est bête car la veille, la barre à
roue (notre moyen de manœuvre « à main ») a été démontée pour
être réparée et bien sûr pas remontée entièrement. La barre franche de secours
est donc tout de suite sortie et après 1h d'utilisation elle casse (bas oui
sinon ça serait moins drôle!). Branle bas de combat pour réparer la barre à
roue, ouff c'est fait mais pas hyper solide, Il va falloir faire
attention. En attendant nous n'avons
plus de moyen de manœuvre de secours et une barre fragile. Tour y passe du coup
dans le bateau pour essayer de faire office de barre franche. C'est finalement
au bout de 2 jours que l'axe de portage de l'annexe est retenu et combiné avec
un morceau de portique pour nous assurer un
minimum en cas de pépin (Mc Gyver sort de ce corps !)
Du coup nous nous retrouvons à finir ces 8 jours de mer en
barrant à la main H24. Ce n'est pas très
enchantant au départ de ce dire que 8h par jour (4h la nuit et 2 x 2h le jour)
il va falloir rester la main à la barre et l’œil fixé sur notre cap à tenir.
Finalement la surprise est plutôt bonne. Bien que les 2h
peuvent paraître longues la journée (alors que la nuit les 4h passent
relativement vite), barrer permet de « sentir » le voilier et jouer
avec les vagues pour essayer de les surfer et faire des pointes de
vitesse. Cela permet aussi de méditer
car à par penser, on ne peut pas faire grand-chose d’autre en barrant (un
ping-pong c’est difficile par exemple…).
Le samedi on attrape un courant de 3 nœuds qui nous fait
avancer à 7 nœuds de moyenne. On calcule donc notre arrivée à Cayenne avec la
marrée montante vers 2h du matin (heure locale) lundi.
A partir de là les bouchées doubles sont mises et chaque
seconde nous rapproche plus vite de la fin.
Le dimanche nous auront droit à un navire panaméen qui nous
fonce dessus avant de nous barrer la route et nous demander de dévier notre
cap. Derrière lui, un énorme navire est en train de poser des câbles
sous-marins. Après 7 miles de déviation, le navire repart en nous souhaitant un
« bon voyage » dans un français à l’accent chantant.
Juste avant la prise de quart de la soirée, notre leurre est
ferré, nous remontons donc notre 2eme et dernier poisson de la transat. On
hésite toujours sur le type de poisson, une sorte de croisement entre un
barracuda et un gros maquereau de plus de 10kg.
Après 2h de moteur dans le chenal d’arrivé nous accostons à
couple d’un navire avant de rebouger 5h plus tard (courte nuit) pour un corps
mort dans la rivière.
Après l’inversion des marées nous rentrons dans la
« marina » et après 2 heures de manœuvre avec du décrochage
d’ossière, plongeon dans une eau dégueu pour passer des cordages nous voilà
installés.
Pour l’instant le seul truc que l’on voit c’est des bateaux
en fin de vie et la jungle tout autours…
Nous voilà en Amérique du Sud !!
Cette transat ça aura été :
-
15 jours
-
1784 miles nautiques environs
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64 heures de barre par personne
-
36 heures de mal de mer pour ma part
-
Une cinquantaine de poissons volants récupérés
les matins sur le pont
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2 poissons péchés
-
4 douches (eh oui, navire de mecs) avec 5000m de
fond dessous, ça fait une grande baignoire !
Mon cher Baptiste,
RépondreSupprimerOn voit que tes heures passées en mer t'auront appris au moins un truc : le langage marin !!! Je comprends pas franchement tout ce que tu dis ^^ Bien le bonjour à l’Amérique du sud !! Et bienfait pour ton mal de mer. gniark gniark !
Valou, qui s'emmerde un peu ici, sans soleil ni neige !
bravo fiston continue bien ta route
RépondreSupprimerbises papa